Tabac: ces 9 idées fausses qui vous dissuadent d’arrêter 
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Tabac: ces 9 idées fausses qui vous dissuadent d’arrêter

Tabac: ces 9 idées fausses qui vous dissuadent d’arrêter
Les cigarettes appelées «light» sont aussi nocives que les autres. 90195990/prudkov - Fotolia

En cette Journée mondiale sans tabac, Le Figaro revient sur ces idées tenaces qui peuvent freiner les fumeurs récalcitrants.

1. «En réduisant ma consommation de cigarettes quotidienne, je réduis les risques pour ma santé»

Il n’existe pas de seuil au-dessous duquel le risque de cancer du poumon ou de maladies cardiovasculaires est nul. Selon une étude publiée en 2005 dans la revue Tobacco Control, fumer entre 1 et 4 cigarettes par jour est ainsi associé à un risque 3 fois plus élevé de mourir d’un infarctus. Vis-à-vis de ce risque, il n’y a donc pas de «petit» ou de «gros» fumeur. De plus, le tabagisme multiplie par au moins 10 à 25 le risque de développer un cancer du poumon par rapport à un non-fumeur. L’objectif est donc d’arrêter le plus tôt possible, quelle que soit la quantité quotidienne de tabac consommée.

2. «Cela ne sert à rien d’arrêter de fumer puisque l’air pollué que je respire est aussi dangereux»

Selon une étude publiée en 2005, les microparticules de l’air - qui proviennent en grande partie de la combustion du carburant, du gaz naturel et du charbon - sont à l’origine d’environ 5% des morts par cancer de la trachée et cancer du poumon. Le tabagisme reste de loin le principal facteur de risque: selon le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), il est responsable de 8 cancers sur 10 chez l’homme et de 7 cancers sur 10 chez la femme.

Au total, 80 à 85% des cas de cancer du poumon seraient attribuables au tabac. D’autres facteurs de risque sont connus, tels que l’exposition professionnelle à l’amiante, au radon (mines d’uranium), l’arsenic, le nickel, le chrome, les goudrons... À noter que les risques de présenter un jour un cancer du poumon suite à une exposition à l’amiante sont 50 fois plus importants si la personne est fumeuse.

3. «J’ai 50 ans, il est trop tard pour arrêter de fumer»

En 2015 en France, l’espérance de vie à la naissance s’élevait à 85 ans pour les femmes et à 78,9 ans pour les hommes (Insee). Or seulement un an après avoir écrasé sa dernière cigarette, le risque d’infarctus diminue de moitié et celui d’avoir un AVC rejoint celui d’un non-fumeur. Après 5 ans sans fumer, le risque de cancer du poumon diminue quasiment de moitié. Enfin, après 10 à 15 ans sans tabac, l’espérance de vie redevient identique à celle des personnes n’ayant jamais fumé.

Les bénéfices du sevrage tabagique s’observent quel que soit l’âge auquel on arrête de fumer et quelle que soit la quantité de cigarettes fumées. Il n’est donc jamais trop tard pour arrêter, même si on a fumé beaucoup et longtemps.

4. «Les cigarettes ‘light’ sont moins nocives»

Dans les cigarettes dites «légères», un filtre composé de micro-perforations est supposé diluer la fumée en laissant passer davantage d’air. Le but escompté est l’inhalation d’une quantité moins importante de substances toxiques. Mais avec ses lèvres et ses doigts, le fumeur bouche les perforations. De plus, les cigarettes light contiennent autant de nicotine que les cigarettes classiques. Alors qu’ils pensent fumer des cigarettes allégées en nicotine, les fumeurs ont tendance à garder la fumée plus longtemps dans les poumons et à fumer davantage pour atteindre la même quantité de nicotine qu’avec une cigarette classique.

En septembre 2003, les appellations «light», «légères» ou «mild» ont été interdites mais leur part n’a que très peu diminué depuis. Alors qu’elles représentaient 30% des cigarettes vendues en 2005, ce taux était de 27,5% en 2009. Une imprégnation des consommateurs due à 20 ans de présence en rayon.

5. «Le tabac à rouler est plus ‘naturel’ que les cigarettes industrielles»

Environ 24% des fumeurs utilisent du tabac à rouler. Il est en particulier préféré des jeunes en raison de son coût plus bas. Le prix moyen, papier compris, se situe environ à 4,10€ pour 20 cigarettes roulées contre 6€ pour 20 cigarettes manufacturées. D’autres consomment du tabac à rouler parce qu’ils le considèrent comme moins toxique. Or la dangerosité du tabac à rouler réside dans sa combustion: non seulement il contient plus de nicotine et de goudron mais «le tabac, moins bien tassé, brûle mal; les cigarettes roulées s’éteignent plus facilement, mais la combustion se fait à une température plus élevée, engendrant une fumée plus toxique», souligne l’un des bulletins santé de l’association Les Droits des Non-Fumeurs.

Le papier joue également un rôle important (composition, grammage, porosité, additifs) puisque celui-ci influe sur la combustibilité et la toxicité. Enfin, la manière de fumer une cigarette roulée est différente: l’inhalation est plus profonde et plus longue, et elle se fait en plus de bouffées qu’une cigarette manufacturée.

Globalement, les conséquences sur la santé sont semblables à celles des cigarettes classiques. Cependant, les fumeurs de tabac à rouler sont exposés à des concentrations d’oxydants, de radicaux libres et de carcinogènes provoquant un stress oxydatif plus élevé qu’avec les cigarettes manufacturées, selon une étude publiée dans la revue Mutation Research en 2011.

5. «Il vaut mieux arrêter tout d’un coup que petit à petit»

C’est ce que montrent les résutats d’une étude publiée en mars 2016 par des chercheurs de l’université d’Oxford (Angleterre) dans la revue Annals of Internal Medicine. 697 fumeurs ont été répartis en deux groupes: ceux supposés arrêter de fumer de façon brutale, et ceux disposant de 2 semaines pour réduire leur consommation avant d’arrêter définitivement. Au bout de 4 semaines, 39% des fumeurs du groupe «arrêt progressif» avaient arrêté de fumer. Après 6 mois, ils n’étaient plus que 15,5%. Les patients du groupe «arrêt brutal» étaient 49% puis 22% après respectivement 4 semaines et 6 mois.

Néanmoins, des chercheurs du réseau Cochrane ont réalisé une analyse de 10 études comparant les taux de sevrage de ces 2 méthodes. Aucune d’entre elles n’a montré une efficacité supérieure. Il revient donc au fumeur de choisir l’une d’elle, accompagnée ou non de substituts nicotiniques.

6. «La cigarette électronique est aussi dangereuse que le tabac»

Aujourd’hui, les connaissances scientifiques ne permettent pas d’établir formellement la dangerosité de la cigarette électronique. Cependant, dans son avis 2016, le Haut Conseil de la Santé publique indiquait que les cigarettes électroniques pouvaient être considérées comme un outil d’aide au sevrage tabagique. Contrairement au tabac, consommé par combustion, la vapeur des liquides d’e-cigarette ne contient ni monoxyde de carbone, principal agent responsable des maladies cardio vasculaires, ni goudron, ni hydrocarbure cancérigène responsables des divers cancers liés au tabagisme. On peut parfois retrouver des traces de substances cancérigènes (comme les nitrosamines) à des concentrations inférieures à celles de l’air intérieur. Un fumeur devenant utilisateur exclusif de cigarette électronique diminue son risque de développer des maladies imputables au tabac. Cela n’exclue pas que d’autres risques liés à l’e-cigarette soient identifiés dans les années à venir.

7. «Faire du sport compense les risques liés au tabagisme»

En 2000, 60% des fumeurs interrogés dans le cadre d’une étude française pensaient que le sport protégeait leur corps des dangers de la cigarette. Pourtant, il n’en est rien. Le tabagisme affecte notamment le système respiratoire et le système cardio-vasculaire, mais aussi les muscles. Au passage de la fumée, les agents irritants, comme l’acétone, attaquent les muqueuses respiratoires. Les goudrons, avec leur myriade de substances cancérigènes, ont quant à eux un effet toxique sur les tissus et les muqueuses. Cette combinaison enflamme les bronches et provoque la toux.

À ces effets s’ajoutent les effets de la nicotine. À chaque inhalation, cette molécule entraîne une contraction des voies respiratoires, ce qui diminue la capacité respiratoire. De plus, le monoxyde de carbone entraîne une «asphyxie» des muscles, des poumons et du cœur, qui ne peuvent alors pas supporter d’exercice physique intense. Les muscles souffrant d’un manque d’oxygène, les crampes et les douleurs deviennent plus fréquentes, tandis que la récupération à l’effort devient plus difficile. Enfin, le risque de thrombose est augmenté.

8. «Les risques liés à la cigarette ne touchent que les seniors»

En 2012, l’âge moyen au diagnostic du cancer du poumon était de 66 ans chez l’homme et 65 ans chez la femme. Mais il peut aussi frapper les personnes plus jeunes. Dès la vingtaine, des cancers liés au tabagisme peuvent se déclarer, et le risque augmente avec l’âge. En France, 34% des décès qui surviennent chez les hommes âgés de 36 à 69 ans sont attribuables au tabagisme, et 4% pour les femmes.

9. «Le tabagisme rapporte plus d’argent à l’État qu’il n’en coûte à l’Assurance-Maladie»

En 2013, la publication des comptes de la sécurité sociale indiquait que l’État français avait, cette année-là, perçu 11,2 milliards d’euros grâce aux taxes sur les cigarettes. Cependant, un rapport réalisé en 2015 par l’économiste Pierre Kopp pour l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), indique que le coût social du tabac atteint 122 milliards d’euros chaque année. La facture finale s’élève donc à 111 milliards d’euros pour la société.

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93 commentaires
  • LeCavalierCourage

    "Si tu arrêtes de fumer, avec l'argent économisé tu pourras t'acheter une belle voiture - Tu fumes toi? - Non - J'ai pas vu ta belle voiture sur le parking en arrivant"

  • rodeo45

    111 MD d'euros de coût pour la santé mais il faut déduire les coûts des retraites non versées à ceux qui sont morts du tabac et surtout le coût des maladies qu'auront ceux qui ne sont pas morts du tabac ( diabète Alzheimer Parkinson)
    Si tout le monde devait vivre plus longtemps on se demande comment les soigner ...

  • Djill59

    Enfin ! Enfin une vérité sur la E-cig. Le célèbre pneumologue, le professeur Dautzenberg (La Pitié Salpêtrière) compare les 2 manières de fumer avec cette jolie formule : Vapoter, c'est comme rouler à 140 sur l'autoroute. Fumer, c'est y rouler à contresens . Merci à l'inénarrable Marisol Touraine d' avoir voulu faire interdire ce moyen de sevrage dans les lieux publics, enlevant une grande motivation aux fumeurs tentés de franchir le pas ! " A quoi bon se faire suer si, au final, on doit être dehors, comme avant ?"

  • Yohann1984

    Je confirme, il faut monter le prix... Ça m'a décidé à arrêter... Déjà 18 mois et je ne ressent pas de manque particulier (hormis quand je vois des acteurs fumer dans les films). Sinon je reste très curieux du mode de calcul du coût "social" du tabac... Il doit suivre une logique keynésienne pour arriver à des montants aussi farfelu... Les maladies des fumeurs ne pouvant représenter plus des 2/3 des dépenses de santé du pays...

  • vanille chocolat

    Pas totalement convaincue par l'article.

  • vonschmut

    La seule bonne solution : passer le paquet à 50 €

  • paris 2012

    cela fait 27 ans que je ne fume plus,j'ai arreter du jour au lendemain quand ma femme ma dit je suis enceinte, pas commode pendant 15 jours tout les jours je mettais la valeur du paquet qui coutè 6 francs dans une boite je peut vous que cela faisait une belle somme que j'ai mis sur le livret de ma ville

  • HFerreira

    Article intéressant mais le titre est complètement trompeur. Il donne l'impression qu'il va faire l'apologie du tabac....

  • BORDET YVES

    Les pères-la-vertu font la morale contre le tabac et font la promotion du haschich qui se fume avec du tabac.

  • fischer raoul

    tant que pour un ado fumer c'est montrer qu'on est viril et qu'on est accepté par les autres,le tabac continuera de faire ses ravages.

  • Parnasse

    "Enfin, après 10 à 15 ans sans tabac, l’espérance de vie redevient identique à celle des personnes n’ayant jamais fumé."

    Faux. Pour le cancer, de même qu'il n'y a pas de dose minimum, il n'y a pas de temps minimum de récupération. Ce qui compte c'est le nombre d'années de fumeur qui augmente le risque, sans retour possible. Après 10 ans sans tabac on ne remet pas le compteur à zéro sur ce point même si c'est efficace pour les autres risques.
    On comprend le silence des professionnels sur ce demi-mensonge pour favoriser l'arrêt définitif qui restera bénéfique de toute façon.
    Un cancérologue pourra rester évasif sur ce point en public, jusqu'au jour où vous aurez l'occasion de lui poser la question entre 4 yeux.

  • martin_o

    Pour le point 9, pourrait on prendre en compte l'argent économisé par la société sur les retraites?

    Un rapide calcul:
    1400€/mois * 12 mois * 80000 morts * 23 ans de retraite = 30 milliard / an

  • laval57

    Si les fumeurs faisaient un petit calcul mathématique sur le prix de la cigarette et le prix du tabac et s'ils voyaient la somme astronomique qu'ils peuvent economiser en ne fumant, ni cigarettes, ni tabac à rouler, ni e-cigarettes, ni canabis, oui les fumeurs seraient en meilleure santé et penseraient qu'ils peuvent se sortir de ce syndrome qui mène au cancer des poumons, de la gorge et autres. Donc et encore non à la cigarette qui n'est ni un atout social, ni un lien social : la cigarette ne fait que vous tuer à petit feu, chaque jour de votre vie de fumeur, c'est nul et non avenu.

  • talehelweb 1

    La principale raison est que les fumeurs sont accros à leur cigarette et à la nicotine. Ils sont dépendants tout simplement

  • seyy

    3 ans et demi sans tabac grâce à la cigarette électronique
    Il serait vraiment temps que les pouvoirs publics considère cet outil à sa juste valeur dans le sevrage tabagique comme l'on fait les britanniques
    Mais les lobby pharmaceutique et du tabac ne le voit pas ainsi

  • Altruiste

    J'en suis à 1 semaine d'arrêt avec sevrage brutal consécutif à une séance d'hypnose. Rien ne sera jamais gagné mais je tiens le bon bout. Merci pour vos encouragements!

  • Avatar Abonné
    Babeth G.

    Comme d'habitude les statistiques sont fournies en considérant que l'on ne mourrait pas si l'on ne fumait pas.
    Ensuite, que la pathologie soit liée ou non au tabac, elle "compte" dans les coûts des soins liés au tabagisme à partir du moment où le patient a déclaré fumer.
    Pour finir, ce n'est pas une idée reçue mais un calcul mathématique : si un fumeur invétéré meurt d'un infarctus brutal à 60 ans il coute moins cher à la société que, si n'ayant pas fumé, il touchait sa pension de retraite jusqu'à 100 ans (et plus) et que ses 25 dernières années de vie, il était handicapé par la maladie d'Alzheimer.

  • MFKA001

    Les émules d'Al Capone ne demandent que cela.

  • Caco Phonie

    Solution simple: multiplier par 100 le prix des cigarettes?

  • Le Saint Père

    9 idées fausses mais avec une 10ème cachée en numero 5 (bis) !
    Et beaucoup d'approximations pour tous les points cités, ça mériterait de refaire un article ! Je vais juste m'attarder sur ce qui m'a le plus fait rire, le point numero 5 en l’occurrence et en rectifiant deux ou trois chose !

    Le tabac à rouler brule mal car plus humide, la température de combustion usuelle est plus basse que celui contenu dans les cigarettes toutes faites (faites donc le test de brulure en écrasant une cibiche de chaque sur la peau afin de vérifier), les particules de goudron sont donc plus grosses dans les roulées et les roulées s'éteignent toutes seules a cause du papier principalement, pour le vérifier il y a une expérience toute bête a faire (démonter une manufacturée pour la re-rouler ensuite) mais depuis quelques années les manufacturées s’éteignent aussi toutes seules, ça répond a une nouvelle norme luttant contre les incendies domestiques !

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